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Après un examen d’imagerie en IRM ou de scanner, les patients demandent régulièrement qu’une information leur soit donnée par les radiologues (photo d'illustration). Photo © Carla Ferrand

En imagerie diagnostique, les radiologues ne voient en général pas les patients avant l’examen. Pour Catherine Adamsbaum, cheffe de service en radiologie pédiatrique à l’hôpital Bicêtre-AP-HP (94), les consultations devraient pourtant être systématiques dans les services de radiologie. « Un médecin doit dialoguer et expliquer. Il est donc à mon sens très important que le radiologue récupère ce temps de consultation, qu’il soit désigné comme tel et qu’il revête une forme assez cadrée. C’est pour ça que le G4 a élaboré une charte de consultation en radiologie », souligne-t-elle. Jean-Michel Bruel, ancien radiologue et président de la commission spécialisée dans le domaine des droits des usagers (CSDU) de la Conférence régionale de santé et d’autonomie (CRSA) de l’Occitanie, est sur la même ligne. « Nous pouvons très bien imaginer que le radiologue puisse voir en consultation un patient pour lui expliquer comment et pourquoi il va intervenir dans son parcours de soin. On ne le fera pas pour une radiographie standard ou pour un geste très simple, mais pour des gestes relativement complexes en diagnostic ou l’enjeu est important. C’est, je pense, envisageable et ce serait souhaitable. »

Un manque de temps

Toutefois, ces consultations pré-examen en radiologie diagnostique restent difficiles à mettre en place de manière régulière dans de nombreux services. La faute, selon certains radiologues, à un manque de temps. « En scanner c’est très difficile parce que les examens sont relativement courts. Il y a donc un débit assez important dans les vacations, déplore Catherine Adamsbaum. Il faudrait trouver une bonne organisation pour pouvoir faire cette consultation. » Julien Cazejust, radiologue au centre d’imagerie médicale de l’hôpital privé d’Antony (92), soulève le même problème : « En IRM ou en scanner, nous n’avons pas forcément le temps de voir tous les patients avant et après. Nous avons tellement peu de médecins par rapport au nombre d’imageries… À mon avis, le déroulement d’un examen d’imagerie doit être expliqué en amont par le médecin prescripteur. » Si la classification commune des actes médicaux comprend bien des consultations, celles-ci ne concernent pas vraiment le radiologue, qui facture des actes techniques (voir encadré). Pour Jean-Michel Bruel, une demande d’avis auprès d’une équipe radiologique qui intervient pour réanalyser le dossier d’un patient et discuter d’une proposition d’examen et de son application, devrait rentrer dans le cadre d’une consultation pré-examen. « Aujourd’hui, un radiologue qui regarde une IRM ou un scanner déjà réalisé et décide de refaire ou non l’examen, y consacre du temps. Pourtant, il n’est pas rémunéré pour ça. Je pense que cet avis devrait être comptabilisé comme une activité de soins. »

Une norme en interventionnel

« On ne peut pas faire un geste sans l’expliquer au patient. »

En radiologie interventionnelle, en revanche, la consultation est un cadre indispensable qui doit notamment permettre d’informer le patient de manière « claire et loyale », comme le prévoit l’article 35 du Code de déontologie médicale (article R.4127–35 du Code de la santé publique)« L’application clinique de la radiologie interventionnelle nécessite la normalisation de l’évaluation et de l’information préopératoire des patients », confirment des recommandations de bonnes pratiques validées par la Fédération de radiologie interventionnelle de la Société française de radiologie [1]« La radiologie interventionnelle est un domaine où la consultation est tout à fait naturelle. On ne peut pas faire un geste sans l’expliquer au patient. Je pense que c’est le secteur le plus avancé en la matière », juge Catherine Adamsbaum.

En cancérologie dans des centres spécialisés

En cancérologie, sur le même modèle qu’en radiologie interventionnelle, l’information préalable dans le cadre de consultations est régulièrement intégrée dans la prise en charge du patient. « C’est le cas en particulier dans des centres spécialisés », précise Catherine Adamsbaum. Le projet thérapeutique y est discuté en réunion de concertation multidisciplinaire (RCP) entre le médecin référent et le radiologue. Une consultation pluridisciplinaire est ensuite proposée au patient (lire p. 32). « Nous nous assurons que le patient a bien compris les risques et les bénéfices et que si nous lui proposons ce geste, c’est parce que nous estimons que les bénéfices pour lui sont supérieurs aux risques », indique Jean-Michel Bruel. Le dépistage organisé du cancer du sein prévoit aussi des consultations avec le radiologue. Elles sont encadrées par l’annexe au cahier des charges des radiologues pour le dépistage organisé du cancer du sein de l’arrêté du 29 septembre 2006 relatif aux programmes de dépistage des cancers.

En pédiatrie

La radiopédiatre Catherine Adamsbaum assure de façon régulière des consultations auprès de ses jeunes patients. « Absolument toutes les familles sont vues avant et après la réalisation de l’examen, assure-t-elle. Nous leur donnons des explications bien protocolées. Les parents sont toujours un peu inquiets de voir leur enfant avec un symptôme. Il est donc très naturel de faire cette consultation, bien que parfois très courte, pour dire que tout va bien. »

Le patient en demande après l’examen

Après un examen d’imagerie en IRM ou de scanner, les patients demandent régulièrement qu’une information leur soit donnée par les radiologues. « Nous sommes quand même les médecins les mieux à même d’expliquer la technique de l’examen d’imagerie, de décrire les images et la pathologie s’il y en a une », estime Julien Cazejust. Cette information est toutefois délivrée de manière différente selon les lieux, les examens et les praticiens. « Le patient, lorsqu’il sort du scanner ou de l’IRM, dit souvent qu’on ne lui a rien dit, que le manipulateur lui a dit que l’examen était terminé et puis c’est tout », déplore Jean-Michel Bruel. « Le minimum dont a besoin le patient, c’est qu’on lui dise que l’examen s’est déroulé dans de bonnes conditions, qu’on a besoin de revoir l’ensemble de l’examen et que ses résultats seront recommuniqués par le médecin qui a en charge la coordination du patient. Les radiologues sont submergés par leur rythme de travail et ne pas pouvoir aller donner des explications aux patients, c’est non seulement dommageable pour le patient mais aussi pour le médecin », regrette Jean-Michel Bruel. « Car au moment où nous voyons se développer de plus en plus des pratiques d’intelligence artificielle où d’interprétation automatique, si le radiologue ne sait pas être présent auprès du patient, à un moment donné, on n’aura plus besoin de lui », déplore-t-il. « Interpréter des images et faire des comptes rendus, c’est intéressant, mais finalement, nous sommes tous médecins et expliquer aux patients leur pathologie et les accompagner dans leur parcours de soin, ça a également un rôle essentiel », conclut Julien Cazejust.

Solenn DUPLESSY / Dr. IMAGO

Le 21/09/2022 à 07:00 | Dernière mise à jour le 20/09/2022 à 15:59 

BIBLIOGRAPHIE

  1. Sapoval M., Aufort S., DeBaere T. et coll., « Recommandation opérationnelle. Consultation de radiologie interventionnelle », Journal d’imagerie diagnostique et interventionnelle, février 2022, vol. 5, n° 1, p. 3-7. DOI : 10.1016/j.jidi.2021.12.008.