1. Comment se déroule une hystérosalpingographie ?
Dans la salle d’hystérosalpingographie, se trouve un appareil composé d’une table qui bascule, au-dessus de laquelle un bras articulé et muni d’un tube à rayons X, se déplace autour de la patiente. Il y a également un pupitre de commande derrière lequel se tient le personnel médical, séparé du reste de la pièce par une vitre plombée protectrice.
Il s’agit d’un examen plutôt court, une demi-heure suffit généralement pour le réaliser.
L’examen est pratiqué par un radiologue, et ne nécessite pas d’anesthésie. Il se déroule en position gynécologique, de préférence avec la vessie vide. Le médecin place le spéculum, désinfecte le col utérin, puis introduit une sonde dans l’utérus. Celle-ci va permettre d’injecter progressivement le produit de contraste qui, petit à petit, va se répandre dans la cavité utérine et les trompes pour opacifier le tout, jusqu’à son passage dans la cavité péritonéale. Un ballonnet empêche le produit de redescendre dans le vagin.
Plusieurs clichés radiologiques sont pris avant, pendant et après l’injection du produit de contraste, dans différentes positions. Seront ainsi pris : des clichés sans préparation, des clichés de profil (pour voir la position utérine et le trajet des trompes), des clichés tardifs (pour évaluer le brassage péritonéal), des clichés de remplissage tubaire et de faible remplissage. Chaque cliché a un objectif différent, on ne recherche pas les mêmes choses sur chacun d’entre eux.
Après l’examen, le radiologue donne à la patiente un premier commentaire. Il envoie ensuite son compte rendu définitif au médecin traitant ou au gynécologue. Ce dernier pourra alors expliquer les résultats en détail, et en fonction de ceux-ci, donner la conduite à tenir.
Dans certains cas, l’hystérosalpingographie est associée à un cathétérisme tubaire. Il est possible que les trompes soient obstruées et empêchent le produit d’y accéder. Un fin cathéter accompagné d’une sonde est alors introduit dans l’utérus pour contourner l’obstacle et être positionné dans la trompe. Le produit de contraste est injecté directement à l’aide d’une sonde. S’il s’avère que la trompe est réellement obstruée (par un bouchon muqueux, par exemple), le cathéter va être introduit dans la trompe à la rencontre de l’obstacle pour essayer de le faire bouger.
Certaines patientes trouvent cet examen douloureux. Il est en effet possible de ressentir une pesanteur pelvienne, une sensation comparable aux douleurs des règles. Une hystérosalpingographie se réalise dans la première partie du cycle menstruel (plus ou moins, dans les dix jours qui suivent le début des règles). Elle est contre-indiquée si la patiente est enceinte. Aucune préparation n’est véritablement nécessaire et la patiente n’a pas besoin d’être à jeun : elle peut manger, boire et, si elle suit un traitement, prendre ses médicaments comme d’habitude. En cas d’allergie, des comprimés peuvent être prescrits, à prendre la veille et le jour de l’examen.
2. Quand et pourquoi pratiquer une hystérosalpingographie ?
Principalement, on prescrit une hystérosalpingographie pour effectuer un bilan de fertilité. Elle permet d’évaluer la perméabilité tubaire, indispensable pour la rencontre entre les spermatozoïdes et l’ovocyte.
Cet examen peut également servir pour expliquer de fausses couches à répétition ou une fausse couche tardive. Il s’agit d’un examen de base dans l’exploration de la stérilité d’origine tubaire. En effet, une obstruction tubaire (trompes bouchées) est l’une des causes de l’infertilité.
Il est proscrit de réaliser cet examen si la patiente est enceinte. Certains médecins demandent de réaliser un test de grossesse bêta-hCG la veille de l’examen, pour éviter un éventuel risque. Si la patiente souffre d’une infection gynécologique, le rendez-vous sera reporté, car il s’agit également d’une contre-indication.
Comme pour n’importe quel examen, l’hystérosalpingographie comporte certains risques, qui restent cependant assez rares. Il se peut que l’examen déclenche une infection de l’utérus ou des trompes utérines, pouvant nécessiter une intervention chirurgicale ou une hospitalisation. On parle alors d’endométrite (infection utérine), de salpingite (infection des trompes) ou de pyosalpinx (complication directe de la salpingite)… La patiente peut également faire une réaction allergique au produit de contraste ou plusieurs malaises vagaux dus à la douleur.
Lorsque cet examen est réalisé, le médecin cherche à vérifier différentes choses. C’est pour cela que plusieurs anomalies peuvent apparaître sur les différents clichés.
- Obstruction tubaire
L’obstruction tubaire empêche la rencontre de l’ovocyte et des spermatozoïdes. Celle-ci peut être proximale ou distale, uni ou bilatérale. L’obstruction est dite proximale, si elle est située près de l’orifice interne de la trompe. L’obstruction distale décrit une atteinte voisine de l’orifice externe de la trompe. Si l’obstruction permet un faible passage, on parle de "phimosis" ; si elle est totale, d’« hydrosalpinx ». L’obstruction tubaire est l’une des principales causes d’infertilité féminine.
- Synéchie
La synéchie est un accolement de deux tissus séparés en temps normal. Les synéchies les plus fréquentes sont celles de l’utérus. Elles peuvent être uniques ou multiples, siéger au niveau du col (synéchie intra-cervicale), de l’isthme (synéchie isthmique), du corps utérin (synéchie corporéale) ou des cornes utérines (synéchie cornuale). Elles peuvent être partielles ou totales, occupant respectivement une partie ou la totalité de la cavité utérine. La plupart du temps, une synéchie utérine est asymptomatique, et découverte fortuitement lors d’un examen. Elle peut être responsable d’une impossibilité de grossesse ou de fausses couches à répétition.
- Malformation congénitale de l’utérus
L’utérus bicorne est une malformation congénitale. Présente dès la naissance, elle est due à une anomalie du développement de l’embryon. Les canaux de Müller, censés se rejoindre pour constituer l’utérus, ne le font pas. L’utérus est alors plus petit, et cela rend plus compliqué la nidation de l’œuf, qui grandit dans un espace plus restreint. Ce qui augmente le risque de fausses couches.
Bien sûr, l’hystérosalpingographie n’est pas un examen fiable à 100 %, mais il peut être un bon indicateur pour savoir quelle est la raison de fausses couches ou de difficultés à procréer.
3. Quelle convalescence après une hystérosalpingographie ?
Après avoir pratiqué une hystérosalpingographie, il est recommandé de porter une protection hygiénique le jour suivant. En effet, des résidus du produit de contraste peuvent s’écouler. En cas de perte de sang, mieux vaut aller consulter, car il peut s’agir d’une infection, bien que cela arrive rarement.
Quelques incidents liés à la technique, peuvent survenir : malaise, douleurs… Il est possible également qu’il y ait des incidents en lien avec le produit, mais ceux-ci restent très rares (0,5 % de cas sur la totalité des examens pratiqués). Mais les produits iodés sont potentiellement allergisants. Pour ne pas "réveiller" une infection latente, il est recommandé de ne pas effectuer une hystérosalpingographie dans les deux mois qui suivent une endométrite et dans les trois mois qui suivent une salpingite.
Sauf très rares exceptions, la patiente peut reprendre une activité normale rapidement après son examen. Son médecin peut lui prescrire des antibiotiques à prendre les jours suivants, afin d’éviter une infection. Une douleur comparable à celle des règles peut se faire sentir pendant quelques minutes ou quelques heures après la fin de l’examen.
En revanche, si des douleurs plus sévères ou de la fièvre apparaissent dans les jours qui suivent l’hystérosalpingographie, mieux vaut consulter son gynécologue ou son médecin traitant.
Sources :
Interview du Dr Alexandre Schull, radiologue
Écrit par Florine Cauchie, publié le 10/01/2022 à 4h05, sur Femmes-Actuelles